13 novembre 2007

La vie qui bascule

Cette histoire de querelle dans une cour d'école n'est pas sans me rappeler un souvenir d'enfance que je préférerais oublier.

Je devais avoir 8 ans. Je revenais de l'école par une douce fin de journée où les flocons venaient très délicatement se poser au sol, après une bonne chûte de neige. Les rues étaient encore encombrées et la circulation difficile (quoique rare) dans cette petite ville d'une région qui en fût une, ressource, jadis.

Nous étions 5 ou 6 enfants à jouer dehors, à flâner sur le chemin du retour, comme je l'ai fait si souvent. Mon foulard désagréablement humide par la respiration ne m'empêchait pas de sourire, mes joues rosies par le contact de l'air frais. À 8 ans, les deux pieds dans la neige jusqu'aux cuisses, à se lancer des balles de neige, on ne le sait pas encore, mais avec le recul de l'âge, on peut dire que ça se rapproche du bonheur.

Je me vois donc, relancer cette balle de neige à ce petit garçon, plus jeune que moi (il devait avoir 6-7 ans mais c'est un monde de différence à cet âge). La balle étant, en fait, la réponse à plusieurs autres balles lancées à mon endroit quelques minutes auparavant. Et je revois cette balle percuter le visage de ce garçon. Mais le souvenir n'est pas aussi vif que la réponse qui s'en est suivie où le grand frère (je dirais 11-12 ans) du garçon, voyant le sang sortir du nez du gamin, me menaçait de son poing proférant diverses insultes à la petite fille estomaquée maintenant devenue. Le sourire, à ce moment, a dû vite revêtir la couleur jaune. Ce grand galet me terrifiait d'avance, mais ce jour-là, j'en ai développé une réelle trouille, moi qui étais plutôt téméraire et frondeuse. Je me rappelle avoir pris mes jambes à mon cou et être rentré chez moi sans demander mon reste, en espérant que ces jambes ne me lâcheraient pas !

Il s'est écoulé plusieurs mois (en tout cas, des mois d'enfant!) avant que je ne repasse devant la maison des deux frères, non sans espérer ne plus jamais les voir ! Et j'ai gardé pour moi cette anectode contrariante, aujourd'hui plutôt risible.

Comme cette petite fille de Saint-Eustache, sous la barre des 12 ans, il y a certaines choses qu'on ne contrôle pas complètement, une responsabilité civile qui vient avec la maturité.

Et je me demande, que serait-il arrivé si le coup porté avait été fatal ? Et dans quel état me serais-je retrouvée, au réveil, le jour suivant cet accident. Je pense à ce début dans la vie qui modulera une partie de sa perspective. Et je ne peux qu'avoir de la compassion.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un drame, un accident. Mais je vais serrer mon grand un peu plus fort quand je vais le laisser a la garderie, juste au cas.

Malaury