23 octobre 2007

Lettre à une amie.

Ça devait se retrouver dans les commentaires sur ta page mais après avoir fait "aperçu" ça me semblait ridiculement long.

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Je vais me permettre d'être franche avec toi. Et je le fais parce que je sais que tu connais l'amitié véritable que je te porte, même si je ne suis pas la plus compétente des amies. Je ne le fais pas pour blesser, ça c'est sûr. J'espère que ça n'aura pas cet effet-là, je te fais confiance sur ta connaissance de ma bonne foi envers toi.

Tu aimes l'Afrique. C'est limpide. Un amour tourmenté mais un amour musclé. Même si la persistance des expériences négatives que tu y as vécu, que tu vis encore, est bien présente, cette Afrique est constituante dans ton identité. Et c'est tout à ton honneur qu'il en soit ainsi, le contraire serait déstabilisant au coton. Tu aimerais tant l'aider, cette Afrique-là. Mais ta lucidité te ramène sur terre. Tu dois, j'imagine, te faire violence parfois. Te parler. "Heille chose, tu peux pas tout porter". Ou alors ça a été fait par le passé, une étape incontournable pour la survie de ton intégrité, et je sais que tu en es pourvue. Mais, je m'éloigne.

Tu aimes nous entretenir sur un sujet qu'on connaît trop peu. Et tu fais saudinement bien de le faire. C'est souhaitable. Une expérience qu'une amie raconte, c'est bien. Une expérience où on parle de pauvreté, de valeurs humaines, de pourquoi on est sur cette terre, après tout ? C'est central, au cœur de l'autochtône que nous sommes.

Je constate (mais je peux me tromper) que tu aimes déstabiliser et provoquer des réactions. Tu le fais avec sincérité, parfois sans filet (ce pour quoi je te porte beaucoup d'estime) mais aussi sans outrecuidance (qui me ferait fuir) ni tant de prétention comme on en retrouve dans la moitié des éditoriaux publiés. Tu as le talent pour le faire plutôt bien. Une démarche assez honnête.

Et raconter l'Afrique n'est-il pas le sujet le plus déstabilisant au coeur de l'occidental moyen ? Raconter l'Afrique n'est-il pas un sujet nourrissant, profond, intriguant ? Qui nous interpelle ou nous fait feeler cheap (pour une fois on a une bonne raison de se sentir de même, tu vas dire). Mais même, tu n'as pas cette approche-là et si on se sent cheap, ce n'est probablement jamais ton intention. Et puis, nos bibittes, anyway.

Tout ce long préambule pour te dire que le Québec, ses habitants, est un sujet aussi intéressant. Je le revendique avec véhémence ! Il est constitué de drôles de bêtes, soit. Pour l'autochtône occidental, il représente, bien sûr, un sujet beaucoup moins exotique, moins accroche-l'œil. Plus bébête peut-être. Mais pas moins intéressant. Non, pas moins.

Parce que tes lecteurs, qu'est-ce que tu crois qu'ils viennent chercher ? Oui, peut-être, peut-être, ce regard si intense de ta voisine KintamPeine. Mais c'est ton regard à toi, comme l'a si bien dit Mal, qui intéresse. Pas que le reste n'ait aucune importance. Je serais d'ailleurs probablement lasse si tu me parlais quotidiennement des scorpions mais, tu ne le feras pas, je le sais. Parce que tu es multi-facettes. Parce que, ce qui t'intéresse, ce sont les gens, bordel, près ou loin, leur valse, leurs interactions, leurs folies, leurs valeurs, leur démesure et leur humanité. Et que ça, tu en trouveras ici, tout autant que partout ailleurs. Elles seront différentes, ben sûr, ben sûr. Mais complètement inintéressantes ? Ça non. Enfin, ce serait surprenant. Et parce que c'est aussi tes racines et que je sais qu'elles sont aussi partie prenante.

Et pourquoi pas des sujets antithétiques, complètement contrastants ? La gastronomie, sujet groundée ET épidermique. Maintes fois abordée mais ton regard. L'effort, ton regard. La recherche d'emploi au Québec quand on a été loin du circuit, ton regard. La parentalité, les structures familiales, la joie de voir le fleuve immense, que sais-je ? Je répète: ton regard.

Allez, Caro. Aies confiance.

Ben oui, c'est propre. Pis oui, on est un peu con. Mais va au-delà. L'Afrique, si elle était nantie comme nous le sommes, tu crois qu'elle agirait de la même façon ? L'humain, placé dans un contexte semblable agit souvent de façon similaire. Je ne veux pas excuser notre indifférence collective (à dénoncer). Peut-être suis-je simplement égoïste ?

Quand on est bien, on a plus de chance de faire le bien. J'y crois. T'es une fille pleine de ressources, brillante, candide (mais pas naïve), généreuse, à l'écoute, tournée vers l'autre. Montres-nous de quoi tu te chauffes quand ton contexte est semblable au nôtre, tiens. Tu relèves ?

Tu m'as piqué dans mon amour du Québec, je crois. ;) Ou à travers mes superficialités, possible aussi.

Quoiqu'il en soit, ton écriture ne se résume pas à son sujet.

Basta.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

*clap* *clap* *clap* :D

Mal

C.Olivier a dit…

Ah, là....

Je viens d'écrire un billet sur caroaquebec avant que de te lire ;) Je m'en mords les doigrs, même si je ne vais pas effacer.

Tu as beaucoup écrit, Zab, à mon sujet, et je suis abasourdie, après cette lecture.

Je ne sais pas quoi te dire, sauf qu'il est trop tard pour t'appeler...

Je retiens le message: faire un effort et voir le monde, la beauté d'ici, telle qu'ils sont.

J'y vais donc de ce pas.

Bons baisers de Charlesbourg la belle ;)

Caro xx

Zablog a dit…

Je suis allée lire ton billet. N'efface rien. Il fait état de ton parcours. Et il explique, surtout la dernière ligne.

Je ne crois pas que ça passe entièrement par l'effort. Plutôt peut-être par un changement de perspective qui viendra si ça a à venir.

Bien sûr, ces changements brusques d'environnement mette la table à des états d'âmes plus tranchés. Et je soupçonne aussi que tes liens avec ton entourage ajoute peut-être du piquant à la sauce.

Bises, Caro. Au plaisir de te voir dimanche.

C.Olivier a dit…

Dans mon cas, c'est souvent un effort. ;)

Mais il y a du plaisir quand même.

(tout un billet sur mon retour, sur mes écrits... je suis encore très touchée :) )

Oui, à dimanche!

Zablog a dit…

Bonjour les fautes d'orthographes ! Je n'ai aucune excuse ! Il n'était ni tard et j'avais tout mon temps !